Sommaire
Présentation
- Stéphane Despatie, Au delà du radar des moustaches 5
Des textes de
- Mireille Cliche, Turbulence 7
- Michel Pleau, Vivre est une autre histoire 11
- Gianluca D’Andrea, Dans les ombres pour y faire des semences 17
Dialogue
- Paranoïa-critique ou la menace du je
Dossier préparé par Stéphane Despatie avec des poèmes de : Nora Atalla, Virginie Beauregard D., Claudine Bertrand, Francis Catalano, Mathieu Croisetière, Monique Deland, Denise Desautels, Jean-Marc Desgent, Isabelle Dumais, François Godin, Roseline Lambert, Jonathan Lamy, Pierre Ouellet, Christine Palmiéri, Odelin Salmeron 23
Au-delà du radar des moustaches
ce qu’il reste de nous
quand nous décidons de partir
Huguette Gaulin
je le tairai, afin que tu le cherches
Dante Alighieri
Dans un paradis converti en serre
[…] Ou dans un Enfer où tout est lumières stroboscopiques
José Claer
D’entrée de jeu, dans la section régulière du numéro, ça court vers la lumière, ça tente de l’écrire ou ça roule directement dedans. Tant Mireille Cliche avec Turbulence, Michel Pleau avec Vivre est une autre histoire que Gianluca D’Andrea avec Dans les ombres pour y faire des semences, textes traduits de l’italien par Francis Catalano et Antonella D’Agostino, affrontent le sujet en traçant un trait, chacun de son côté, sur la transparence. Les trois auteurs prennent leur texte contre leur corps, y cherchent leur place, l’habitent. Dans leur regard : la maladie, la rupture, l’éloignement, l’horizon, la plaine, la nature, des animaux ou des mots. Mais aussi la lumière et le geste d’écrire, comme celui de jeter des morceaux de feu sur une toile, d’appliquer un parfum d’éternité, de laisser une trace au burin. Mais écrire l’éclat, le coup, la résilience comme la résistance.
Le lecteur passera ensuite à la section suivante pour y lire des textes qui, de par leur élan et leur volonté, débordent les cadres et cherchent dans la marge des élans, des pulsions, une autre lumière ou quelque chose qui détonne autant qu’elle réunit l’imagination au réel. Dalí, dont les idées ont servi de détonateur ou de moteur d’écriture pour les invités du dossier, écrivait dans La Conquête de l’irrationnel (Éditions surréalistes, Paris, 1935) : « Toute mon ambition sur le plan pictural consiste à matérialiser avec la plus impérialiste rage de précision les images de l’irrationalité concrète. Que le monde imaginatif et de l’irrationalité concrète soit de la même évidence objective, de la même consistance, de la même dureté, de la même épaisseur persuasive, cognoscitive et communicable, que celle du monde extérieur de la réalité phénoménique. »
Dans un dossier que j’ai intitulé Paranoïa-critique ou la menace du je, quinze poètes ont été regroupés. Jean-Marc Desgent, Isabelle Dumais, Christine Palmiéri, Monique Deland, Denise Desautels, François Godin, Claudine Bertrand, Nora Atalla, Odelin Salmeron, Roseline Lambert, Jonathan Lamy, Mathieu Croisetière, Virginie Beauregard D., Pierre Ouellet et Francis Catalano, tous ont joué le jeu. Chacun à sa manière s’est soit inspiré de la méthode de la paranoïa-critique créée par Salvador Dalí, soit par l’idée même de la paranoïa, soit par l’œuvre picturale du célèbre artiste espagnol, par ses mots ou par les lieux qu’il a fréquentés. Certains auteurs ont glissé des mots de l’artiste, des anecdotes s’y référant, ont fait allusion à son travail, d’autres ont interprété ou appliqué la méthode dalinienne dans le processus même d’écriture. Des images obsédantes se retrouvent donc dans certains textes du dossier, des réflexions tentent de prendre le dessus, alors qu’au même moment, l’œil du poète désire voir au-delà des moustaches et réorganiser le tout, sur une page lisible, où l’esthétisme aligne le signifiant, le personnel, tout en donnant accès à quelques zones intimes de la pensée. Inventer, c’est révéler.
Bonne lecture !
Stéphane Despatie