Sommaire

Présentation

  • Stéphane Despatie, Seulement humains, sans autres titres 5

Des textes de

  • Martin Payette 7
  • Bertrand Laverdure, #COVIDPOÈMES 13
  • Sandrine Donkers, La souche et le mur 21
  • Frédérique Dubé, du rouge jusque dans la bouche 29
  • Éric Roberge, Rapport médical 33

Dialogue

  • Poésie du Chili : La parole joue toujours à ne pas mourir
    Dossier préparé Francis Catalano et Javier Llaxacondor
    Avec des poèmes de : Carmen Berenguer, Juan Cameron, Gladys González, David Aniñir Guilitraro, Bruno Montané Krebs, Javier Llaxacondor, Rosabetty Muñoz, Victoria Herreros Schenke, Damsi Figueroa Verdugo, Enrique Winter
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Seulement humains, sans autres titres

pour les dialogues de sourds
inutile de crier
personne n’entendra la sonnerie
Carole David

lampe de chevet bronze défense n’importe quoi sauf mes poings
Catherine Poulin

Je ne crains plus de ralentir le pas
Je dépose mes forces en des lieux stratégiques
Marie-Hélène Montpetit

toute la soif du monde
se love entre vos signes
Dominique Olivier

La poésie est toujours un acte de paix.
Le poète naît de la paix comme le pain naît de la farine.
Pablo Neruda

C’est toujours un immense plaisir de suivre des auteurs réguliers comme de découvrir de nouvelles voix. Dans la section régulière du numéro, Martin Payette revient en nos pages et évoque Gilbert Langevin, Gaston Miron et Denis Vanier en déambulant dans une ville aux confins du surréel et du « réel jusqu’à la moelle ». Suit Bertrand Laverdure, collaborateur récurrent, qui, avec « #COVIDPOÈMES », ose affronter de plein fouet le sujet qui brûle les lèvres de tout le monde depuis plusieurs mois déjà. Ses textes sont écrits dans un contexte donné, certes, mais le coronavirus en est aussi directement le sujet. Chez Sandrine Donkers, qui, avec « La souche et le mur » publie pour la première fois dans Exit, le confinement est plutôt un état qui provoque de nouveaux réflexes. Le contraste entre ses deux suites montre bien qu’il y a un avant- et un après-coronavirus dans nos rapports humains. On pourra aussi faire des rapprochements entre les poèmes de Bertrand Laverdure et ceux de Bruno Montané Krebs, tant ils sont empreints, comme ceux de Donkers, de la même période déjà historique. Nous aurions voulu éviter tout poème provoqué par cette ère qui nous occupe et nous gouverne, que la tâche eût été impossible. Cette tourmente, ce choc, marque ou marquera l’écriture de nombreux auteurs probablement pour longtemps. Plusieurs mois nous séparent du premier confinement, ce qui donne un curieux recul par rapport aux textes, car au moment d’écrire ces lignes, nous sommes toujours dans une période trouble. Suit Frédérique Dubé, avec « du rouge jusque dans la bouche », un texte touchant, errant « dans le décor d’un lieu irréel », cherchant son souffle et sa respiration, le corps meurtri. Et pour clore cette section avec le souffle et une poésie du corps poussé à ses limites, Éric Roberge avec « Rapport médical ». Ici, on court sur les galets, habité par des maux, mais avec une forêt dans les yeux, avec tout ce qu’il y a de libérateur.

Francis Catalano nous a habitués à des dossiers remarquables. Celui-ci, en collaboration avec Javier Llaxacondor, fait honneur à son parcours. « Poésie du Chili : La parole joue toujours à ne pas mourir » donne un accès privilégié à une poésie forte, contemporaine, savamment choisie. Grâce aux traductions signées par Francis Catalano, Antonella D’Agostino, Michael Delisle, Flavia Garcia, Hugh Hazelton, Natasha Kanapé Fontaine, Jean-Pierre Pelletier, Odelin Salmeron et Sylvain Turner, on s’abandonne aux poésies de Carmen Berenguer, Juan Cameron, Gladys González, David Aniñir Guilitraro, Bruno Montané Krebs, Javier Llaxacondor, Rosabetty Muñoz, Victoria Herreros Schenke, Damsi Figueroa Verdugo et Enrique Winter. On y lit autant une « parole chargée qui  expulse vers les marges » (Muñoz) qu’« une manière de dialoguer autour du visage » (Berenguer) et tout ce qui semble « continuer entre cris et murmures » (Cameron). On y entend aussi un des plus beaux échos à nos propres mots. Les poètes, peu importe d’où ils viennent, se ressemblent, nous sommes seulement humains, sans autres titres.

Bonne lecture !

Stéphane Despatie