Sommaire
Présentation
- Stéphane Despatie, Arpenter l’éphémère 3
Des textes de
- François Godin, L’Amérique agonique 5
- Catherine Harton, Une idée de la lumière 11
- Henri Chassé, Septembre 23
- Monique Deland, C’est ainsi que l’on meurt 31
Dialogue
- Poésie, territorialité et identité
Dossier préparé par Jean-Marc Desgent avec des textes de : Denise Brassard, François Paré, Pierre-Yves Soucy, Philippe Delaveau 41
Arpenter l’éphémère
on pourrait rester là longtemps avec le bruit de l’eau
sur une plage de sable noir à nos dimensions
Luce Guilbaud
Ton peuple a des racines sauvages que poussent plus loin les vents
Geneviève Boudreau
il reste de leur passage des villes des montagnes
un territoire perdu que personne n’habite
Marcel Labine
Mes cinq sens
pour prendre soin
de l’espace qui nous manque
François Charron
En se laissant ravir
Même ses dimensions
Guillevic
Si sans les livres, nous n’héritons de rien, qu’en est-il des territoires de l’imaginaire laissés en friche, quelque part au nord de l’absolu, sans personne pour les visiter? Les notions de territoire et d’identité reviennent souvent hanter les réflexions des poètes sinon guider, inconsciemment ou non, la direction que prend leur poésie. Au sein du comité de rédaction de la revue Exit, plusieurs discussions autour de ces thèmes animent nos rencontres. Ces discussions trouvent d’ailleurs un écho dans certains de nos numéros. Nous n’avons qu’à penser aux dossiers spéciaux consacrés aux Amérindiens ou aux Acadiens, communautés dont ces dimensions demeurent, à tout le moins, en filigrane de leur création.
Dans un dossier initié et présenté par Jean-Marc Desgent, où sont rassemblés Denise Brassard, Philippe Delaveau, Pierre-Yves Soucy et François Paré, les auteurs se penchent sur les thèmes de Poésie, territorialité et identité, thèmes qui formaient également le titre du colloque auquel ils ont, à l’exception de Philippe Delaveau, tous participé lors du dernier Festival de la poésie de Montréal. À ce rendez- vous se joignaient aussi les poètes Antonio D’Alfonso et Christophe Pairoux qui, quant à eux, ont répondu à l’appel sous forme de poèmes, textes qui seront d’ailleurs publiés en nos pages prochainement. Pour des raisons d’espace, nous ne pouvions pas présenter toutes les réflexions en un seul numéro. La revue Exit est honorée de pouvoir faire revivre, sous forme de publication, les interventions de tous ces écrivains invités par le Festival.
Dans ce numéro, vous pourrez lire aussi les poètes Henri Chassé, Monique Deland, François Godin et Catherine Harton. Si on dit parfois de certains poètes qu’ils sont des poèmes vivants, on peut certainement croire que l’écrivain est lui-même un territoire. Les auteurs que l’on retrouve ici arpentent leur terre, travaillent leurs sillons et se positionnent au milieu et au-delà du décor, au milieu et au-delà de leur temps. Dans ces textes, on sent souvent l’Amérique, et l’automne, et l’hiver. On voit que « ciel récolte les le mauves, les orangés » (C. H.), que l’on « plie les anges pour le voyage » (H. C.), que l’on construit, avec les outils possibles, un deuil qui s’impose. On n’oublie pas ce qui s’est avéré éphémère, on le marque, l’inscrit. On va au-delà. On arrive à se projeter dans l’avenir. Un avenir que l’on souhaite meilleur.
Bonne lecture !
Stéphane Despatie