Sommaire
Présentation
- Stéphane Despatie, L’avenir voit rouge 3
Des textes de
- Andrea Moorhead 5
- Luc LaRochelle, La fatigue de l’acrobate 17
- Nathalie Noël, Les berceuses du matin 27
- François Charron, Anthrax – Le charme mortel de cet objet qui se détruit lui-même 37
Dialogue
- La poésie amérindienne
Dossier préparé par Jean-François Létourneau 51
L’avenir voit rouge1
Je suis parmi les épinettes qu’on a coupées
dans le sable noir d’une zone d’enfouissement
parmi l’alcool et les poissons volants
Jean-François Poupart
mille sentiers perdus dans une forêt de plombagine
un crayon qui erre et ne reviendra jamais plus
à sa ligne initiale en bas de la page
comme le fil des mots brisé dans les bruits
Roland Giguère
Est-ce que la poésie est toujours clairvoyante ou bien est-elle parfois trop centrée sur elle-même pour voir le reste et s’intéresser aux autres ? Est-elle tendue vers l’avenir, attachée au passé ou bien ficelée sur le dos de l’instant présent ? Peut-être marche-t-elle en équilibre sur un fil de fer qui passe au-dessus du temps, mais au milieu des drames comme de la beauté. « Tous les pays qui n’ont pas de légende / sont condamnés à mourir de froid », disait Patrice de La Tour du Pin, mais les poètes de ce numéro, non seulement ne renoncent-ils pas à tout rapport à l’avenir, mais ils sont dans sa construction, surveillent les signes de vie, vont à sa rencontre, composent et recomposent avec la réalité, avec nos mythes, avec le climat. Ils sont chacun dans leur siècle – au risque de paraphraser Gaston Miron –, ils ont des yeux, un corps et se servent des mots pour libérer l’avenir du règne de l’éphémère.
Vous pourrez lire, dans la partie régulière du numéro, les poèmes d’Andrea Moorhead, de Luc LaRochelle, de Nathalie Noël et de François Charron. Dans la section « Dialogue », nous vous présentons un dossier préparé par Jean-François Létourneau concernant la poésie amérindienne. Dans notre souci habituel d’aller à la rencontre des différentes poésies, d’approfondir la réflexion et de construire des ponts entre les cultures et les générations, nous rêvions, depuis longtemps, de faire un numéro qui nous permettrait de mieux connaître cette riche partie de notre littérature. Le dossier nous permet de découvrir ou de retrouver les voix de Joséphine Bacon, Diane Cleary, Alain Connolly, Maya Cousineau-Mollen, Alice Germain, Édouard Germain « Itual », Johanne Laframboise, Rita Mestokosho, Louis-Karl Picard-Sioui, Sonia Robertson, Kathia Rock, Pierrot Ross-Tremblay, Jean Sioui et Yves Sioui Durand. Tous les écrivains du numéro sont bien ancrés dans le monde, dans le paysage, dans la culture qui les a vus naître. J’espère que vous aurez autant de plaisir que moi à fréquenter leurs univers.
En terminant, j’aimerais saluer Robert J. Mailhot qui vient de nous quitter à 33 ans et pour qui la vue sur l’avenir semblait brouillée : « Je sais le rouge / réinvente mon corps / à travers cette fracture / devenue mienne », écrivait-il dans Motel éternité, son dernier opus.
Bonne lecture !
Stéphane Despatie
[1] Titre emprunté à Jean Sioui (L’avenir voit rouge, Écrits des Forges, 2008).