Sommaire

Introduction

  • Pierre Bastien, Dasein 3

Présentation

  • Stéphane Despatie, Déjà vingt ans 5

Des textes de

  • Dominique Lauzon 7
  • Hector Ruiz 10
  • Rodney Saint-Éloi 13
  • Isabelle Forest 16
  • Herménégilde Chiasson 19
  • Stéphane Despatie 23
  • France Mongeau 26
  • Francis Catalano 30
  • Paul Chamberland 33
  • Serge Patrice Thibodeau35
  • Michael Delisle  39
  • Dominique Robert42
  • Fernand Durepos45
  • Mario Cholette 48
  • Daniel Leblanc-Poirier51
  • Jonathan Lamy54
  • François Guérette57
  • Jean-Paul Daoust59
  • Valerio Magrelli61
  • Jean-François Poupart64
  •  Jean-Sébastien Huot67
  • Corinne Chevarier 69
  • Roger DesRoches73

 

Dasein

Si le bon ou le mauvais vouloir changent le monde, ils
ne peuvent changer que les frontières du monde, non
les faits; non ce qui peut être exprimé par le langage.
En bref, le monde doit devenir par là totalement autre.
Ludwig Wittgenstein
Tractatus logico-philosophicus

 

Vingt ans… Pour employer la formule consacrée : « Si quelqu’un m’avait dit cela en 1995… », alors qu’en compa­gnie du fondateur d’Exit, Tony Tremblay, assis sur sa terrasse montréalaise par une brûlante nuit d’été, nous fomentions le renversement de l’ordre du monde par la poésie. A posteriori, je ne suis pas certain que nous ayons changé le monde, mais si la poésie a le pouvoir de bousculer les habitudes, les certitudes et de telluriquement traverser l’humain dans le sens de son moi profond, premier, essentiel, alors nous avons certainement accompli quelque chose.

Parce qu’Exit a certainement changé, du moins en par­tie, momentanément, ponctuellement, la vie de poètes établis, qui se voyaient là appréciés, propulsés à nouveau au firmament des étoiles filantes. Il faut aussi dire le rôle qu’Exit a joué dans la vie de jeunes poètes qui y ont publié, souvent, très souvent, leurs premiers textes. Voir son poème étalé là, révélé sur le papier, être sur la place publique avec les siens pour la première fois et se dire, en pensant à Miron, que « la poésie n’a pas à rougir de moi », c’est aussi ça, Exit.

Qu’avons-nous réussi au bout de ces vingt ans ? Si « être au monde » est en soit un exploit, un défi à relever au quotidien, alors ce sont des centaines de poètes, hommes et femmes, et plus d’un millier de poèmes à la naissance des­ quels nous avons participé et que nous avons vus grandir et s’épanouir dans l’espace, apportant couleurs et formes à notre territoire culturel, de manière profonde, indélébile.

Et si par nos efforts nous avons pu donner au monde un peu de poésie, c’est transformés, changés, transfigurés que nous poursuivons l’expérience, que nous continuons ce labeur poétique qui, à aucun autre semblable, donne au lecteur un moment «hors la vie», comme une prière, une virgule sur le temps, un absolu. C’est en pensant à tout cela, à l’âge de raison que nous avons atteint, aux vingt dernières années et à tout ce qui nous reste à faire, à parcourir comme chemin, que je salue tous ceux et celles qui, de près ou de loin, ont participé à cette aventure. Bon vingtième anniversaire Exit et bonne lecture à tous et à toutes !

Pierre Bastien

Déjà vingt ans

Toutes les figures dé(c)rivent des absencestu vas te perdre à nouveau
dans un calendrier inconnu

ordonnées comme des symboles.
Marie Bélisle

Les points cardinaux outrepassent leurs limites
et la grâce voyage dans les six directions.
Monique Deland

tu vas te perdre à nouveau
dans un calendrier inconnu
France Boisvert

 

Ce numéro anniversaire s’est imposé par lui-même, de manière très naturelle. Nous avons fait un appel de textes auprès des auteurs de la grande famille d’Exit et nous avons reçu ces poèmes qui nous ressemblent et nous rassemblent. S’il y a des absents que l’on regrette, bien sûr (on comprend; les délais, entre autres, étaient très serrés), nous sommes très fiers de publier les mots de poètes qui ont fait la réputation de la revue. Ces gens sont l’esprit de nos pages. Tour à tour, ils ont apporté de l’eau au moulin, nous ont influencés, questionnés et ont enrichi nos pages. Personnellement, c’est dans le numéro 2 d’Exit que j’ai publié des poèmes pour la première fois suite à une invitation de Tony Tremblay. Je tiens donc, au passage, à remercier les fondateurs, Tony Tremblay et André Lemelin, mais aussi Denise Brassard qui a dirigé la revue pendant plusieurs années et tous ceux et celles qui ont fait partie du comité de lecture. Tous, sans exception, ont été des complices importants et rigoureux, des gens qui nous ont permis d’évoluer, de nous questionner, de nous réinventer. Il est très important de remercier ici tout le monde qui a publié dans nos pages, ne serait-ce qu’une fois : chaque poème soumis au comité de lecture nous pousse à la réflexion et demeure un moment privilégié pour nous, qui sommes, d’abord et avant tout, des lecteurs. Grâce à Exit, nous avons eu accès à de jeunes auteurs dont nous n’avions jamais entendu parler, comme nous avons pu lire des auteurs très réputés et des poésies venues de partout dans le monde. Certains poètes québécois ont aussi vu, pour la première fois de leur vie, leurs poèmes traduits dans une autre langue grâce à Exit, l’entremetteuse, qui crée constamment des ponts avec les différents intervenants de la sphère littéraire autour du monde : nous sommes très fiers de cet apport. Ce numéro n’en est pas un de bilan, c’est un tremplin, comme toujours, pour l’avenir. Nous n’avons que vingt ans et espérons vous accompagner encore longtemps.

Nous retrouvons dans ce numéro des textes de Dominique Lauzon, Hector Ruiz, Rodney Saint-Éloi, Isabelle Forest, Herménégilde Chiasson, Stéphane Despatie, France Mongeau, Francis Catalano, Paul Chamberland, Serge Patrice Thibodeau, Michael Delisle, Dominique Robert, Fernand Durepos, Mario Cholette, Daniel Leblanc-Poirier, Jonathan Lamy, François Guérette, Jean-Paul Daoust, Valerio Magrelli, Jean-François Poupart, Jean-Sébastien Huot, Corinne Chevarier et Roger DesRoches. Je vous invite à lire attentivement ces auteurs généreux et pertinents qui ont répondu à l’appel. C’est eux, Exit.

Bonne lecture !
Stéphane Despatie