Sommaire

Présentation

  • Stéphane Despatie, Ensemble comme un poing 3

Des textes de

  • Jonathan Charette, Phénomènes de foire 7
  • Cynthia Girard 13
  • Bertrand Laverdure, La ballade de Thomas Braichet métastasé, poète et humaniste 19
  • Mohsen Emadi 27
  • Henrik Edoyan 31
  • Italo Testa, La division de la joie 41

Dialogue

  • Poésie acadienne : icitte, astheure ! ? !
    Dossier préparé par Jonathan Roy avec des textes de : Julie Aubé, Monica Bolduc, Louis Grant, Marie-Ève Landry, Loiseau Louis (Katrine Noël), Gabriel Robichaud et Jonathan Roy
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Ensemble comme un poing

Je me brise en mille et un fragments
dans l’avalanche des temps

Yolande Villemaire

J’avance sans peur, sur les éclats de verre
Danielle Roger

Je suis introuvable
Dans un spectacle qui hante le ciel

Daphnée Azoulay

ma grand-mère, astrale, parle le langage des dieux
Yvonne Baby

comment pouvons-nous améliorer le spectacle?
Carle Coppens

 

Et voilà, Exit entame sa vingtième année d’existence avec un numéro incluant des textes, des auteurs et des démar­ches qui témoignent de ses origines autant que de son évo­lution. L’heure des bilans? Pas du tout; au moment d’écrire ces lignes, quelqu’un m’a rappelé cet état de fait que j’avais complètement oublié. Ce numéro s’est donc construit sans désir particulier de marquer le coup, mais avec la rigueur habituelle et le souci constant de représenter le paysage actuel de la poésie sous toutes ses formes, de repousser les horizons, de briser les barrières et de construire des ponts entre les générations et les poésies du monde. Vous ne serez donc pas étonnés de voir de jeunes auteurs côtoyer des poètes confirmés, ni de lire des traductions, de surcroît des traductions parfois audacieuses, ni de voir des croisements de générations entre les traducteurs et leurs auteurs. Si vous êtes un habitué de nos pages, vous ne serez pas surpris non plus de vous faire peut-être bousculer dans vos habitudes de lecture ou dans vos réflexions sur la traduction, sur ce que c’est un poème. Je le répète toujours, une revue de poé­sie, c’est un laboratoire, c’est un repère pour la réflexion. C’est l’occasion d’accepter des propositions, de jouer le jeu ou de dresser un état des lieux. C’est l’endroit pour « dire les dérives qui menacent » (Fredric Gary Comeau), pour prendre des risques. C’est aussi la place pour offrir, pour donner ce qui nous habite, maintenant, au meilleur de nos connaissances et de nos possibilités, dans notre plus authentique fragilité.

C’est donc avec joie que nous vous présentons les auteurs de la section régulière de ce nouveau numéro que sont Jonathan Charrette, Cynthia Girard, Bertrand Laverdure, Mohsen Emadi, Henrik Edoyan et Italo Testa. Il y a quelques années déjà, nous avions publié des poèmes de Jonathan Charette alors qu’il n’avait pas encore signé de livre. Aujourd’hui, il nous présente ses nouveaux textes, regroupés sous le titre de Phénomènes de foire, témoignant d’une belle évolution et d’une direction forte. Il y a longtemps que nous n’avions pas eu la chance de lire de nouveaux poèmes de Cynthia Girard; pour notre plus grand plaisir, elle a choisi Exit pour son retour! Grâce à sa suite, nous replongeons dans l’ambiance du printemps 2012 par le biais d’une déambulation dans un Montréal en crise. Bertrand Laverdure aussi, avec La ballade de Thomas Braichet, métastasé, poète et humaniste, nous entraîne dans un autre type de crise, un autre type de parcours, dans ce même Mont­réal où se lisent la fraternité, les liens par delà les frontières, par delà les épreuves, où l’on retrouve des morceaux de vie, collectés comme des ready-made pour faire poème, pour rendre hommage. Nous sortons ensuite de Montréal et du Québec pour lire Mohsen Emadi, jeune poète iranien, grâce à la collaboration de Françoise Roy, écrivaine québécoise vivant depuis des années au Mexique, qui s’est inspirée d’une première traduction du farsi par Manuel Baigorri pour nous faire découvrir cette plume remarquable. Gilles Cyr, quant à lui, a travaillé avec Nounée Abrahamian afin de nous pré­senter un extrait de l’œuvre magnifique de Henrik Edoyan, poète arménien. Finalement, grâce à Antonella D’Agostino et à Francis Catalano, fidèles collaborateurs de la revue, nous pouvons lire de nouveaux textes de l’Italien Italo Testa, qui n’en est pas à sa première publication chez nous, et qui présente cette fois-ci La division de la joie, une suite qui, à l’instar de celle de Cynthia Girard et de celle de Bertrand Laverdure, nous permet d’errer, d’avancer et de nous questionner sur la vie, sur ce qui reste et ce qui part. On y déguste un habile jeu entre le tu et le nous, on s’abandonne, au-delà de tous les clichés, aux nombreuses nuances entre l’ombre et la lumière. En périphérie du brouillard, il découpe les heures et murmure un touchant « tu es disparue dans l’angle mort ».

« Do not dress in those rags for me, I know you are not poor », disait Leonard Cohen. Ce sont ces mots qui me viennent à l’esprit, cette idée, quand je pense à la poésie acadienne. J’ai toujours perçu le corpus acadien comme des couleurs et des mots, du rythme et des idées, formant un poing, frappant sur le livre pour ouvrir, dans l’éclat et la nécessité, une nouvelle page vers le large. Ce n’est qu’une impression personnelle, mais elle est forte, et j’aime être secoué par cette poésie, toujours urgente. J’aime aussi les poètes qui l’écrivent et l’inscrivent, cette poésie. Il faut savoir que pour moi, la poésie acadienne, c’est autant Larochelle, Namur ou Paris que Trois-Rivières, Moncton ou Grand-Barachois; il s’agit de multiples rencontres, d’amitiés fortes, de deuils et d’espoirs. Enfin, nous y revoilà, en Acadie, avec ce deuxième dossier d’Exit s’y consacrant depuis quelques années. Cette fois-ci, la tâche a été confiée à Jonathan Roy, qui signe une introduction importante au florilège de textes qu’il a rassemblés. Regroupés sous le titre de Poésie acadienne : icitte, astheure!?!, vous aurez la chance de lire les poètes Marie-Ève Landry, Gabriel Robichaud, Loiseau Louis (Katrine Noël), Jonathan Roy, Louis Grant et Julie Aubé. C’est avec un plaisir évident que nous les accueillons dans nos pages.

Bonne lecture !
Stéphane Despatie