Sommaire

Présentation

  • Stéphane Despatie, Le train au corps 3

Des textes de

  • Linakim Champagne, Mais j’ai toujours peur que nos enfants soient bipolaires 5
  • Robert Fernet, 24 impromptus 15
  • Nora Atalla, Le tuf du sang 25
  • Corinne Chevarier, Convois 37

Dialogue

  • Traduire la poésie / La poésie du traduire
    Dossier préparé par Francis Catalano avec des textes de Daniele Pieroni traduits par Marie-Andrée Lamontagne, Pierre Ouellet, Paul Bélanger, Antonio D’Alfonso, Gérald Gaudet, Lisa Carducci, Denise Desautels, Jean-Marc Desgent, Louise Dupré, Francis Catalano et Antonella D’Agostino, et des essais de Rodney Saint-Éloi, Flavia Garcia, Donald Winkler, Pierre Nepveu et Francis Catalano
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Le train au corps1

Son corps est celui de l’homme seul.
Sa tribu, une larve.

María Baranda

Il y a ici des frontières des chaînes d’observateurs inquiets
allant et venant avec leurs signatures
Roger Des Roches

Sur les visages, une gravité instruite de l’habitude.
Renaud Longchamps

Ils ont tous peur du décor
Je ne recule pas dans leur monde.

Daphnée Azoulay

qui se commet en dehors de nous
ne nous atteint que du rare sursaut de l’écho

Marie Aude Laperrière

 

Le corps, avec ses limites, ses cicatrices, sa chair, ses possibilités, ses soifs, sa faim et ses fins semble parfois guider la plume des poètes aussi bien que la freiner. Le corps nous habite autant que nous en sommes le passager. Et qu’en est-il lorsqu’on l’emprisonne, ce corps? Lorsqu’on le soûle, le maltraite ou lorsque c’est lui qui semble gouverner notre esprit? Les poètes de ce nouveau numéro, d’une certaine manière, font écho à ces questions. Nous accueillons ici les textes de Linakim Champagne, Robert Fernet, Nora Atalla et Corinne Chevarier. Avec une première publication dans nos pages, Linakim Champagne nous présente Mais j’ai toujours peur que nos enfants soient bipolaires, une suite percutante sur la fragilité de la vie, le chaos intérieur et l’inaccessible équilibre à travers l’intimité d’un couple où c’est l’amour qui tonne au milieu des coups. Les petites et grandes peurs du quotidien y chevauchent l’euphorie et les vertiges de l’attraction. Robert Fernet, lui, avec ses 24 impromptus, republie dans Exit après plus de dix ans d’absence et nous offre une suite de courts textes taillés finement où l’auteur, entre autres, retourne dans la légèreté du passé, mais avec le poids des épreuves du temps. Quant à Nora Attala, avec Le tuf du sang, elle pose un regard sur l’état des lieux, sur la collectivité et ses dérives, sur la difficulté de se poser, et, à l’instar des textes des deux poètes précédents, la quête du calme et de la paix est du voyage. C’est à Corinne Chevarier de clore la section régulière du numéro avec Convois, une série de poèmes qui fait suite à ceux publiés dans le numéro 75 d’Exit. Des textes qui, inspirés des séjours dans les camps de travail de son grand-père paternel lors de la Deuxième Guerre mondiale, parlent autant de l’absence d’intimité, de l’horreur, que de la dignité humaine, de la force qui habite certains et du devoir comme de la difficulté de se souvenir. On y lit le silence qui s’impose autant que les paroles qui se frayent un passage par nécessité.

La section Dialogue du numéro, intitulée Traduire la poésie / La poésie du traduire, est constituée d’un dossier préparé par le poète et fidèle collaborateur Francis Catalano. Dossier monté en deux volets, vous pourrez d’abord lire les poèmes de Daniele Pieroni, « figure de catalyseur des relations culturelles Québec-Italie », qui sont tour à tour traduits par Marie-Andrée Lamontagne, Pierre Ouellet, Paul Bélanger, Antonio D’Alfonso, Gérald Gaudet, Lisa Carducci, Denise Desautels, Jean-Marc Desgent, Louise Dupré, Francis Catalano et Antonella D’Agostino. Dans un deuxième temps, grâce à la collaboration de Rodney Saint-Éloi, Flavia Garcia, Donald Winkler, Pierre Nepveu et Francis Catalano, le dossier est composé de cinq brefs essais sur la traduction de la poésie, textes qui représentent une partie des actes du colloque Poésie et traduction : ouverture sur le monde, organisé en octobre 2014 par l’Académie des lettres du Québec. La revue Exit, qui depuis plus de dix ans ouvre ses pages à la poésie étrangère et fait un travail considérable en matière de traduction de la poésie autant que de représentativité de la poésie québécoise à l’étranger, est très fière d’accueillir cette section Dialogue.

 

Bonne lecture !

Stéphane Despatie

 

[1] Le titre paraphrase un vers de Corinne Chevarier, « Un train dans le corps » (voir la suite Convois publiée dans ce numéro).