Sommaire

Présentation

  • Stéphane Despatie, Réunir le corps 3

Des textes de

  • Dominique Olivier, Généalogie de la souffrance 5
  • Linakim Champagne, Porcelaine. 17
  • Nora Atalla, Le miroir renversé (extraits) 23
  • Elisa Biagini, L’hôtesse 33
  • Daniel Leblanc-Poirier, Clôturé 39
  • Yves Gosselin, Récupération, suivi de Les métiers de vivre 45

Dialogue

  • Trop tôt ou trop tard
    La violence en héritage
    Dossier préparé par Gérald Gaudet
    Entretiens avec Corinne Chevarier et François Guerrette
    53

Une eau sans couture1

 

La poète-ninja
sait détruire un homme
sans laisser d’empreinte
Caroline Rivest

La nuit a tout effacé mes anciennes traces.
Anne Hébert

les torturés finissent tous par parler
Jean-François Poupart

la mort n’est pas un mur
donc pas besoin que la vie
soit une porte
José Acquelin

Mais la vie avance et, avec elle, toutes les chances
de survie dans les visages que nous aimons.
Roland Giguère

 

La parole de certains poètes coule comme une eau sans couture, malgré les vagues et les ressacs. Les cicatrices sont parfois invisibles, tel le reflet du nuage qui passe et se dissout, au gré du vent, à la surface de l’eau. Les poètes écrivent avec ce qu’ils sont, et tout est matière à affûter le regard. C’est particulièrement vrai pour Corinne Chevarier et François Guerrette, ces deux poètes qui ont accepté l’invitation de Gérald Gaudet, celle de se livrer à un entretien pour un dossier qu’il a intitulé « Trop tôt ou trop tard / La violence en héritage ». Ces poètes ont généreusement répondu aux questions de Gérald Gaudet, comme ils ont entrouvert la porte de leur atelier, laissant passer un faisceau de lumière sur certains volets de leur écriture. C’est sous l’angle de la violence que Gérald Gaudet a volontairement abordé les deux univers. Le dossier présente également des inédits des deux auteurs. Quant à la section régulière du numéro, on pourrait presque dire que, sans le vouloir et sans s’être consultés, les poètes ont mis la table pour le dossier, car les poèmes, ici aussi, « font avec » une certaine violence : celle de la douleur, de l’éclatement, d’une présence importune ou d’une absence prenante, celle de la disparition, du suicide, des malaises. Et au milieu de tout ça, c’est encore la vie qui bat dans les marges.

En plus du dossier, vous pourrez donc lire « Généalogie de la souffrance » de Dominique Olivier, puis « Porcelaine » de Linakim Champagne, deux poètes dont on a pu découvrir quelques-unes de leurs premières publications en poésie dans des numéros passés de la revue Exit. Des univers précis et chargés. Leur succèdent « Le miroir renversé », une belle suite de Nora Attala, et puis Elisa Biagini qui, grâce au travail des traducteurs Antonella D’Agostino et Francis Catalano, nous offre « L’hôtesse » (extrait de L’ospite, Einaudi, 2004). Comme la revue Exit tient à présenter régulièrement des poésies du monde entier, et qu’au fil des ans, nous avons entretenu un lien privilégié avec les poésies du monde latin, nous sommes très fiers de compter sur de précieuses collaborations récurrentes avec certains traducteurs, comme c’est le cas notamment avec Francis Catalano et Antonella D’Agostino ou avec Ana Cristina Zúñiga. Vous pourrez finalement lire « Clôturé », une suite percutante de Daniel Leblanc-Poirier, qui publie régulièrement dans nos pages, et « Récupération » suivi de « Les métiers de vivre » d’Yves Gosselin, dont on retrouve enfin la plume après de trop nombreuses années de silence.

 

Bonne lecture !
Stéphane Despatie

 

[1] Inspiré d’un vers d’Anne Hébert : « (…) et le milieu du jour se referme sur nous comme une eau sans couture » (Mystère de la parole).