Sommaire
Présentation
- Stéphane Despatie, Après les mots 3
Des textes de
- Aimée Lévesque, Inclinations 5
- Dominique Marcil, Vue sur mer 13
- Angel Motal, Ma Cléia 21
- Virginie Francœur 27
- Rose Eliceiry 35
- Francis Catalano, Derniers petits mots pour Hélène Monette ou « Suite à la vie nous ouvrirons des jardins » 43
- Bertrand Laverdure, La chemise de Frank O’Hara 53
Dialogue
- Nicole Brossard : De mots et d’énergie
Un entretien de Gérald Gaudet 63
Après les mots1
Ce que je pense quand,
Munie d’un manuscrit,
Je suis face au visage
Marina Tsvétaïeva
(…) et cette face est de roc orange
Et ne donne sur rien, rien sinon un grand espace
Sylvia Plath
Une femme découvre, au milieu d’une éclaircie,
la pousse d’un arbre dont elle décide de faire don à une amie.
Herménégilde Chiasson
C’est l’hiver, mais dehors n’en est plus certain. À l’intérieur de nous, pourtant, une tempête de mots ne semble pas vouloir se calmer. Des titres de recueils de poésie se bousculent dans notre tête. D’abord, Arbres d’hiver de Sylvia Plath s’avance. Puis, en une poudrerie, s’imposent plusieurs livres de Nicole Brossard : Le centre blanc, La capture du sombre, Baroque d’aube et D’arcs de cycle à la dérive. On bascule dans le domaine de l’écriture, de la lecture, et de l’écriture à nouveau. Un constat : il faudrait tout relire. « Le passé tire son sens du présent », ai-je déjà écrit, et Nicole Brossard incarne le présent. Grâce au concours de Gérald Gaudet, qui occupe la section « Dialogue » en y signant la présentation de l’écrivaine ainsi que l’entretien intitulé Nicole Brossard, de mots et d’énergie, nous sommes invités dans l’atelier de cette grande poète.
Nicole Brossard n’a pas publié dans Exit, elle a fait plus. Elle a donné à ses auteurs des permissions, elle a questionné l’état des lieux et provoqué des fissures comme autant de fenêtres et de portes ouvertes sur la modernité. Elle nous a donné confiance, car elle fait confiance aux mots, ceux, aussi dispersés qu’unis, étalés de manière précise sur la page. Grâce à elle, on a moins peur. On marque, on grave, quelques mots seulement, choisis pour leur force, pour leur avancement sur le fil ténu de la poésie. Quant à Gérald Gaudet, d’abord écrivain, puis professeur, il a aussi dirigé la revue Estuaire comme il a mené des dizaines et des dizaines d’entretiens. C’est un lecteur, un immense lecteur, un témoin privilégié des territoires intimes de l’écriture. Généreux, il a plongé pour nous, sans retenue, dans l’univers de l’auteure de French kiss.
Dans la section régulière du numéro, nous lirons des poèmes d’Aimée Lévesque, Dominic Marcil, Angel Mota, Virginie Francoeur, Rose Eliceiry, Francis Catalano et Bertrand Laverdure. Aimée Lévesque, qui publie pour la première fois dans la revue Exit, nous propose Inclinations, titre qui n’est pas sans rappeler Installations de Nicole Brossard. Il s’agit en fait d’une suite inspirée du recueil Je m’en vais à Trieste de cette grande dame de la poésie. Dominic Marcil, professeur de littérature qui publiera sous peu un essai intitulé Une dé-marche en poésie en collaboration avec Hector Ruiz, offre, avec Vue sur mer, une suite intimiste et délicate, qui nous touche par sa désarmante simplicité imprégnée d’odeurs et de souvenirs. Par le biais d’une traduction de l’espagnol de Nelly Roffé, on a ensuite accès à la poésie d’Angel Mota, poète d’origine mexicaine qui fait son entrée à Exit avec une suite intitulée Ma Cléia. Se joignent aussi au numéro deux jeunes auteures, Virginie Francoeur et Rose Eliceiry. Virginie Francoeur est l’auteur d’Encres de Chine, recueil de poésie publié aux Écrits des Forges dernièrement alors que Rose Eliceiry publie aux Éditions de l’Écrou. Les deux jeunes femmes, tout comme Aimée Lévesque, prouvent la pluralité et la richesse des voix actuelles en poésie au Québec. Membre du comité de la revue, Francis Catalano nous livre Derniers petits mots pour Hélène Monette ou Suite à la vie nous ouvrirons des jardins, une sorte d’hommage moderne à celle qui marqua nos vies et notre paysage littéraire. Et nous terminons la section régulière avec une suite de Bertrand Laverdure, fidèle collaborateur, qui, avec un extrait de La chemise de Frank O’hara, nous laisse goûter à son travail actuel, élaboré en France lors d’une résidence d’écriture toute récente.
Bonne lecture !
Stéphane Despatie
[1] D’après le titre d’un livre de Nicole Brossard, Après les mots, Trois-Rivières, Les Écrits des Forges, 2007.