Sommaire

Présentation

  • Stéphane Despatie, Parler dans la traversée du froid 3

Des textes de

  • Claudio Pozzani, Gênes, saudade & spleen 5
  • François Godin, Pour détourner ma mémoire de toi 19
  • Hugue Blier, Ce que j’ai voulu dire 27
  • Jérôme Hazin, Monochrome gris 33
  • Ernesto Lumbreras, Ce qu’ont dit les étoiles de l’œil d’un crapaud 45

Invitation

  • François Charron
    Six questions posées à François Charron par Stéphane Despatie
    Offrandes corrompues
    59

 

Parler dans la traversée du froid

 

Longue traversée du plateau qui devrait me conduire dans un poème bien rythmé
James Sacré

il me reste encore un poème
pour me rapprocher de la réalité

Nicole Brossard

 

On navigue. On traverse le temps, le froid, le feu comme le grand cirque ordinaire. On contourne les plaques de glace, le silence d’un soir d’hiver, les éclats de la mémoire, les restes d’imaginaire, et on pose le pied sur une ma­tière qui nous accepte. On avance alors sous le ciel cuivré des changements, confiants, mais alertes et fragiles. C’est intraduisible, ça « défigure des mots indéfectibles » (François Godin), mais ça tente l’avancée, cela s’appelle poésie et ça s’inscrit dans la neige comme dans le sable du Mexique ou de l’Italie, ou celui, gelé, du Maine, peu importe, c’est le « givre de l’heure » (Jean-Paul Daoust) ou la transpiration de l’explorateur, de l’athlète. Et celle du traducteur, de l’artisan qui s’acharnent à nous offrir ce qui vibre à leurs oreilles, en leurs corps.

Dans ce numéro 65, vous pourrez lire de nouvelles voix comme celle d’Hugues Blier qui, avec « Ce que j’ai voulu dire », brise la glace de la publication, de Jérôme Hazin qui nous offre « Monochrome gris », une deuxième publication dans nos pages, et celle de François Godin, qui publiait son premier recueil en 2011 et qui fait paraître « Pour détourner ma mémoire de toi », une première colla­boration à Exit. Aussi, vous pourrez lire, grâce aux importantes contributions des traducteurs et poètes Odelin Cruz Salmeron et Francis Catalano (membre du comité de rédaction de la revue), les textes de deux compagnons de route issus de la même génération, Claudio Pozzani et Ernesto Lumbreras. J’avais mis la main sur les textes de Claudio Pozzani, Italien, d’abord parce qu’il était passé à Montréal il y a plusieurs années, ensuite je l’ai entendu et vu sur scène à Lodève, dans le sud de la France, puis finalement au Festival International de la Poésie de Trois-Rivières à l’au­tomne dernier. Lorsque Francis Catalano m’a proposé ses textes en traduction, j’ai enfin pu goûter pleinement à ce que je percevais dans la langue d’origine. Quant à Ernesto Lumbreras, j’ai d’abord eu la chance de travailler sur un de ses livres pour ensuite le rencontrer dans son Mexique natal et le retrouver derniè­rement au Québec avec Odelin Cruz Salmeron, qui, visiblement, partage le même enthousiasme que moi pour l’univers fascinant et les qualités indéniables de cet auteur. En terminant, nous sommes fier de vous présenter, à notre invitation, de nouveaux textes de François Charron, qui se passe de présentation. Précédés d’un entretien avec moi, où le poète expose brièvement mais précisément et lucidement ses impressions sur son travail, ses textes rassemblés sous le titre d’« Offrandes corrompues » imposent un sublime déferlement entre vertige et ancrage. Un beau cadeau : merci François.

Bonne lecture !
Stéphane Despatie