Sommaire

Présentation

  • Stéphane Despatie, Les liens de la rupture 3

Des textes de

  • Cristina Montescu, Des soleils dans les arbres 5
  • Francis Catalano, Les quatre demi-vérités 13
  • Simon Boulerice, J’aime quelqu’un en Écosse 23
  • Dominic Thibault, Le corps et la tête en deux temps 33
  • Fernand Durepos, Pour seul cœur des fusils plein la tête 37

Dialogue

  • Poésie catalane : les voix ne dorment jamais
    Dossier préparé par Francis Catalano avec la collaboration
    d’Àngels Gregori Parra. Traduction : Elisabet Ràfols-Sagués
    43

 

Les liens de la rupture

 

Il faut être affamé d’existence.
Notre culture réclame par-dessus tout cet impératif.
Pierre Vadeboncœur

vivre est surtout intime
Bruno Roy

 

« Les liens de la rupture », c’est ainsi que j’avais titré la section « Entretien » du numéro 25 de la revue Exit. Il s’agissait d’un entretien avec Bruno Roy (16 février 1943 – 6 janvier 2010) réalisé chez moi en février 2001. L’auteur de Naître, c’est se séparer savait bien qu’il avait laissé entrer le collectif dans son écriture, comme il comprenait mieux que quiconque l’idée de Cervantès : on ne peut être universel que si l’on est d’abord d’un coin de pays. L’écrivain et le lecteur en lui aimaient observer ce mouvement de l’écriture qui navigue entre l’intimité et le collectif. Le plus touchant, c’était d’entendre les propos de l’homme engagé, militant indépendantiste, glisser vers le doute, celui de voir ses idéologies occulter son travail d’écrivain. Et il aurait certainement employé le mot travail avant d’oser parler de talent. Par ces mots, j’aimerais ici saluer l’apport de Bruno Roy à la littérature.

En matière de liens, de ruptures, d’indépendance, on peut dire que la Catalogne, qui est cette fois à l’honneur dans la section « Dialogue » de ce numéro, a plus que son mot à dire. Communauté autonome d’Espagne, la Catalogne est depuis 2006 reconnue au sein de l’Espagne comme « réa­lité nationale ». Ce dossier, intitulé « Poésie catalane : les voix ne dorment jamais », fut préparé par Francis Catalano avec la collaboration d’Àngels Gregori. Dans une traduction as­surée par Elisabet Ràfols-Sagués, il regroupe Teresa Colom, Àngels Gregori, Núria Martínez-Vernis, Maria Antònia Massanet, Laia Noguera, Jordi Nopca, Esteve Plantada et Josep Pedrals ; tous de jeunes poètes qui se démarquent actuellement au pays des quatre provinces. Au-delà des comparaisons culturelles, c’est le souffle d’une génération qu’il nous est donné de lire. C’est un regard actuel qu’on nous propose, une manière d’entrer dans la poésie d’un pays par le rythme d’aujourd’hui.

La partie régulière du numéro est aussi portée par un vent frais qui amène plusieurs nouveaux auteurs. Vous pour­rez lire Cristina Montescu, nouvellement arrivée dans la famille des lettres québécoises, qui nous offre une suite poé­tique qui marie des aspects bucoliques à des images concrètes, directes, mais empreintes d’un certain érotisme. Francis Catalano, lui, traverse les saisons avec tous les sens en éveil. Bien qu’il ait déjà écrit sur les éléments de la na­ture, son écriture semble ici franchir une étape charnière tant au niveau formel qu’au niveau de l’angle par lequel il observe le sujet. Quant à Simon Boulerice, jeune auteur qui prend une place de plus en plus importante dans le paysage culturel, il peaufine son univers à la croisée du ludique, du ton enfantin et de l’incisif ; à tout instant, la vérité menace de se faire jour sans fard. Si on ne connaît pas encore de livre signés Dominic Thibault, on a déjà pu lire son travail dans différentes revues. Il publie pour la première fois dans Exit cette suite qui raconte des errances dans Montréal et qui contient des images fortes qui ne re­cherchent pas l’effet, mais qui, définitivement, en provoquent. Finalement, nous publions une suite de Fernand Durepos, collaborateur des premières heures de la revue, mais qui s’est fait plus rare dans nos pages ces dernières an­nées. S’il renoue avec un univers plus rock, les résonances de ses dernières publications se font sentir et sa recherche en bénéficie. Poète touchant, il nous présente des poèmes fidèles à sa démarche, à sa langue, à son lexique.

Bonne lecture !
Stéphane Despatie