Sommaire

Présentation

  • Stéphane Despatie, En attendant la tempête 3

Des textes de

  • Janie Handfield, Mémoire cachée 5
  • Marie-Ève Comtois19
  • Valérie Jacques-Bélair, Poèmes pour paranoïaques, maniacodépressifs hypocondriaques
    Daltoniens exclus
    27
  • Néstor Ulloa, 15 miroirs de Carlos (traduction de Jacques Rancourt)35
  • François Charron, Le sens de la vie 51

Passage

  • Goh Poh Seng
    Présentation et traduction par Jean-Pierre Pelletier
    77

 

En attendant la tempête

 

le froid est un train que l’on trouve assez lent
César Silva Márquez

ce cinéma-là
nous le vivons

Serge Mongrain

 

C’est le moment de l’année où l’on se prépare au froid, aux longues nuits et à la blancheur des jours. Après les multiples rentrées littéraires de l’automne, les premières fournées de salons du livre et les différents festivals, les poètes reprennent la plume et se retrouvent enfin. Quel étrange paradoxe dans lequel se trouve ce genre, qu’on dit fragile, mais qui s’est doté de nombreuses institutions, souvent en santé, et que la communauté littéraire questionne si peu pourvu qu’on donne du financement à ses membres ou qu’on les invite à différentes manifestations. Il semble qu’on préfère se faire organiser (à lire dans tous les sens) qu’organiser. On compose donc avec un certain silence, un autre peut-être, que celui qui génère tant de poèmes. Mais le silence n’est pas le calme plat : là aussi, il se prépare parfois des tempêtes. N’en déplaise aux amateurs de beauté, la poésie, qu’elle le fuit ou non, émane du quotidien. Elle part de quelque part, de quelqu’un. Dans ce numéro, on a voulu rassembler des voix bien distinctes, qui viennent d’univers bien différents. Des poèmes de jeunes femmes, ceux de Janie Handfield, Marie-Ève Comtois ou Valérie Jacques-Bélair, côtoient donc des poèmes d’auteurs établis, comme François Charron ou Goh Poh Seng, et d’auteurs provenant d’horizons lointains du Québec, comme Néstor Ulloa, du Honduras, et à nouveau, Goh Poh Seng. Né en Malaisie, Goh Poh Seng, qui est l’invité de la section Passage, fait partie de ces auteurs dont les nombreux déplacements physiques provoquent inévitablement un effet sur l’écriture, sinon dans sa forme, du moins dans son choix de sujet. Goh Poh Seng, dont on connaît peu le travail au Québec, fait la navette entre la Colombie-Britannique, le Québec et et l’île de Terre-Neuve. Un de ses poèmes (« La Tempête à venir ») nous a inspiré le titre de cette introduction, et c’est à la lecture des poèmes de Goh Poh Seng qu’Alain Reno doit lui aussi son inspiration pour son illustration de ce numéro d’Exit. La rencontre des esthétiques asiatique et nord-américaine, telle qu’elle se lit chez ce poète, a soufflé à notre imaginaire ce concept, sinon ce désir, de « prendre le thé au Labrador ». Si l’idée dépasse la propre réalité du poète, nous espérons qu’elle évoquera chez le lecteur quelque chose de poétique et d’inspirant. La poésie de Goh Poh Seng nous projette dans un imaginaire qui, bien ancré dans la réalité, transcende le quotidien évoqué, et en ce sens, rejoint la poésie des trois jeunes auteures qui ouvrent le numéro. Nous somme heureux de vous la faire découvrir.

Bonne lecture !
Stéphane Despatie