Sommaire
Présentation
- Stéphane Despatie, Des carnets mobiles 3
Des textes de
- Faiha Abdulhadi (traduction de Nadine Ltaif) 5
- Antoine Boisclair, Écologie des possibles 15
- Antonio D’Alfonso 25
- Yolande Villemaire, Caravelle 31
- Claude Beausoleil, Les Fleurs du Blues 43
Invitation
- Louis-Philippe Hébert, Sommeil, soleil noir 67
Des carnets mobiles
dans le blanc dans le froid
l’absence après le passage
a laissé un trou noir
Nancy R. Lange
Nous sommes partis avec la couleur
sens contraire à nos ombres
tous nés voleurs
avec quelque chose d’aérien.
Kim Doré
On dirait que ces poèmes sortent de carnets mobiles, qui sont autant de gares en mouvement que de loges de l’ombre, ombre qui avance jusque sur les rayons rouges de soleil saignant, en passant par la traversée de la scène, des siècles, de la nuit, des astres éteints. Ces carnets forment un refuge, mais demeurent en mouvement, et leurs auteurs nous offrent, au passage, au carrefour des rencontres, l’opportunité de les lire. Poésie militante, engagée, poésie de la conscience, poésie de l’inconscient, de l’amour disparu: les poètes de ce numéro nous ouvrent leurs carnets généreusement et laissent entendre « leur voix comme un exil voilée ». Vous pourrez donc découvrir les vers imprégnés de l’urgence et de la quête de justice de Faiha Ab dulhadi (dans une traduction de l’arabe par Nadine Ltaif), féministe et militante bien connue du Proche-Orient, et ceux d’Antoine Boisclair, qui, avec la suite intitulée Écologie des possibles, aborde quant à lui une autre facette de l’engagement. Suivront les poèmes plus intimistes d’Antonio D’Alfonso, qui nous rappelle que la poésie part toujours de quelque chose de très proche, de très présent, comme peuvent l’être, paradoxalement, la perte, l’absence ou l’éloignement. Ensuite vous pourrez goûter à cette traversée des temps et des cultures dont est empreinte Caravelle, un extrait de L’armoure, un projet littéraire que Yolande Villemaire porte depuis des années. Claude Beausoleil fait ici paraître Les Fleurs du Blues, un touchant hommage à la chanteuse de jazz Billie Holiday: on y entend des mélodies qui cinglent, en sphères libres, et dans le grain de la voix, on ne sait plus qui, du poète ou de la chanteuse, épelle sa vie. Finalement, dans la section « Invitation », on peut lire la suite intitulée Sommeil, soleil noir de Louis-Philippe Hébert. Il y a longtemps qu’Exit n’avait pas convié un auteur dans cette section et l’invitation de ce poète semblait tout indiquée, car le travail de Louis-Philippe Hébert, teinté d’une lucide candeur (!), bouscule habituellement nos habitudes de lecture par sa qualité d’abord, mais aussi par sa singularité, par les questions formelles qu’il pose, et par la facilité qu’il a à raconter, sans prendre le lecteur par la main, tour à tour la douleur et la beauté.
Bonne lecture !
Stéphane Despatie