Sommaire
Instroduction
- Stéphane Despatie, Le tiroir à poèmes 4
Des textes de
- Bertrand Laverdure, Lettres à la mort 6
- Bertrand Pozier, Volatiles 12
- Alexandre Yergeau, Suite inédite 21
- Jean-Philippe Gagnon, Au chemin creux 28
- Nina Berkhout, Arrivées et départs
Traduction de Chantal Ringuet34 - Luc C. Courchesne, Visions sur papier 39
- Pierre Nepveu, Diminutions 50
Dialogue
Écrire encore aujourd’hui :
le prix Geneviève-Amyot 2024
- Dossier préparé par Stéphane Despatie 63
Avec textes de
- Arianne Tapp65
- Sophie Jeukens71
- Gabrielle-Ève Lane 85
- Sarah Boutin 90
- Renée Laberge 92
- Alizée Goulet 96
Le tiroir à poèmes
Si seulement je pouvais m’architecturer
En une falaise
Monique Juteau
Dans une position inconfortable
la nuque brisée par les ultimes
assauts du mythe —
Nicole Richard
Marcher jusqu’au lit
serait briser l’instant
Annie Molin Vasseur
Je compare souvent le travail des directeurs de revues de poésie à celui, tout simple, de portiers qui ouvriraient la porte donnant sur un laboratoire, un atelier, où tout essai est permis, sans pression aucune. Le lecteur y entre et saisit ce qu’il veut bien prendre, tout simplement. Une revue de création, c’est aussi un tiroir qu’on ouvre sur des trésors en jachère, en gestation, qui n’attendent qu’un lecteur pour reprendre leur souffle sur la place publique. Avec ce numéro, vous lirez des parcelles d’intimité, des éclats de rêves, des tisons d’amour, des détresses, des réflexions ; vous lirez de la poésie en voie de se retrouver un jour dans un livre singulier. Bertrand Laverdure, un habitué de nos pages, nous propose « Lettres à la mort », sorte de poésie d’amour qui ne néglige pas l’humour, humour que l’on retrouve aussi parfois dans les textes de Bernard Pozier (« Un crayon restait sur la table / Inutilisé / Mine de rien »), un autre collaborateur régulier, qui, avec « Volatiles », a choisi de rassembler quelques fulgurances abordant différents sujets. Suit Alexandre Yergeau, qui publie pour la première fois en nos pages avec une touchante suite inédite. Jean-Philippe Gagnon, avec « Au chemin creux », prend le relais avec une poésie précise comme un scalpel, rythmée et foisonnante d’images : « quelque part dans les fenêtres / l’échancrure de l’écho bleu / draps blafards peuplés de mousse / d’étoiles comme on déchire / dans la sueur le ciel d’un souffle. » En 2022, Jean-Philippe avait d’ailleurs fait découvrir à plusieurs lecteurs la poésie de John Montague grâce à ses fidèles et excellentes traductions des textes de l’auteur irlandais dans le no 109 de la revue Exit. Ensuite, Nina Berkhout, poète et romancière origi- naire de Calgary et résidant à Ottawa, avec « Arrivées et départs », publie pour la première fois en nos pages grâce à une traduction de Chantal Ringuet, qui fait paraître des textes ou en traduit régulièrement pour la revue. Nous lirons ensuite « Visions sur papier » de Luc C. Courchesne, qui nous offre ici une poésie en prose où autant de réflexions que d’images se bousculent sur la page, dans une écriture aussi élégante et aboutie que chercheuse. Finalement, nous lirons « Diminutions » (extraits du Livre des petits et grands chagrins) de Pierre Nepveu, qui revient en nos pages après plusieurs années d’absence, avec une poésie toujours aussi forte, naviguant entre le concret, le récit et un précieux et nécessaire mystère propre au genre qui nous rassemble. Une poésie émouvante qui procède, à plusieurs égards, à une sorte de bilan : « Quand je tombe sur ce tiroir, / je sens que tout mon être est là, / sans vêtements, sans documents, sans livres / un tiroir vide où j’entends quelqu’un respirer. »
Dans la section Dialogue, vous pourrez lire des poèmes regroupés sous le titre « Écrire encore aujourd’hui : le prix Geneviève-Amyot 2024 ». Les lauréates sont Ariane Tapp (1er prix pour sa suite intitulée « tes yeux sont des hivers qui ne fondent jamais »), Sophie Jeukens (2e prix pour « club select »), Gabrielle-Ève Lane (3e prix avec « oui j’ai essayé la méditation »), Sarah Boutin (mention pour son texte intitulé « Révérence »), Renée Laberge (deuxième mention pour « Indocile ») et Alizée Goulet (coup de cœur pour sa suite « Nos mailles »), dont nous présentons ici les textes. Grâce à ce prix, où incidemment nous n’avons aucun pou- voir de décision (un jury indépendant de la revue dicte les choix), chaque année nous devenons les passeurs de très beaux textes qui ne seraient peut-être jamais venus jusqu’à nous ; nous sommes très fiers de ce privilège qui nous revient. Très fiers de découvrir avec vous ces univers et ces écritures de qualité.
Bonne lecture !
Stéphane Despatie