Sommaire

Introduction

  • Stéphane Despatie, Ça Frappe  4

Des textes de

  • Éric Roberge, Entre-deux 6
  • Michel Lamy, Un millier de fourmis 14
  • Elva Macía, Imperio Móvil / Empire mobile (extraits) 22

Dialogue

Écrire la marge
Dossier préparé par Éric Roger

  • Avec des textes de Éric Roger, Judith Lefebvre, Yvon Jean, Arnaud Nicolaï, Jean-Simon Brisebois, Sonya Deschamps, Marc André Lavoie, Sylvie Côté, Claudius Leblanc, Martin Boisvert, Martha Tremblay Vilào et Yvon D’anjou 37

Ça frappe

Je ne sais pas pourquoi Ça cogne, mais j’écoute.
Guillevic

Tout le monde frappe à la porte
en silence avec une rose
Serge Pey

Pourtant de franchir la porte l’homme s’affranchirait
comme absorbé d’un coup dans le berceau clair des étoiles

Paul Mathieu

Exit, comme Gaz Moutarde d’ailleurs, et bien d’autres revues ou maisons d’édition, est née dans la marge. Il était donc tout naturel pour nous, après toutes ces années, d’y consacrer une partie importante de nos pages en réunissant plusieurs poètes, dits de la marge, dans la section « Dialogue ». Nous avons confié à Éric Roger la tâche de rassembler des poètes de qualité issus de la scène que l’on nomme habituellement « underground », et qu’il jugeait significatifs et dynamiques au sein de celle-ci. Éric Roger, depuis plus de vingt ans, est un gardien important des forces vitales de ce pan de la poésie québécoise, car en plus d’écrire lui-même et d’éditer des poètes, il anime différentes soirées de poésie ainsi que plusieurs émissions littéraires sur les ondes de radios communautaires ou universitaires. Il offre, plus souvent que quiconque à Montréal, une tribune à tous ces poètes qui participent à ce genre d’événements, à ces sortes de bancs d’essai où les poètes rendent publics leurs textes. La marge, au sens où nous l’entendons ici, c’est tout ce qui circule ailleurs que dans les maisons d’édition dites traditionnelles, celles qui ont un distributeur, qui sont agréées ou reconnues par les pairs ; ou encore tout ce qui circule ailleurs que dans les festivals ou événements officiels, qui sont habituellement subventionnés, et soutenus par des associations ou organismes professionnels. Certains choisissent de plein gré d’y creuser leur sillon, et ce, pour une multitude de raisons, dont, souvent, en premier lieu, la liberté entière qu’elle leur laisse au niveau éditorial ; ou le fait qu’ils demeurent habituellement les seuls maîtres à bord, car aucun éditeur ou directeur artistique n’est là pour orienter, retravailler avec eux ou refuser une partie de leurs textes. Pour d’autres, il s’agit moins d’un choix, car ils ont parfois frappé à plusieurs portes demeurées closes, mais tous ont en commun qu’ils croient suffisamment en leur travail pour persister à présenter le fruit de leur labeur en montant sur ces tribunes qui les accueillent. Parmi les avantages de la marge, il y a donc la liberté qu’elle laisse à leur écriture, cette possibilité de repousser les limites tant sous le rapport de l’aspect formel que du contenu. La possibilité de « frapper » l’imaginaire du lecteur. Il y a aussi toute la question de l’instantanéité créatrice, de la légèreté des structures institutionnelles et du contact «­ sans ménagement » ou direct avec le lectorat ou l’auditoire. La marge ouvre ses portes tant à la contre-culture, au subversif, à l’avant-garde, qu’à des artisans travaillant des formes traditionnelles ou classiques (même trop traditionnelles ou trop classiques parfois pour les éditeurs reconnus). La scène « underground » est importante pour plusieurs raisons : comme il a été dit, pour permettre aux créateurs de la marge de rendre publiques leurs explorations, mais aussi pour animer et stimuler l’ensemble du paysage artistique, en élargissant le spectre de ses couleurs, et en ébranlant parfois ses certitudes. Nous aurons donc le plaisir d’accueillir en nos pages les poètes suivants : Éric Roger, Judith Lefebvre, Yvon Jean, Arnaud Nicolaï, Jean-Simon Brisebois, Sonya Deschamps, Marc André Lavoie, Sylvie Côté, Claudius Leblanc, Martin Boisvert, Martha Tremblay Vilào et Yvon D’Anjou.

Dans la partie régulière du numéro, vous pourrez lire « Entre-deux » d’Éric Roberge, un fidèle collaborateur, qui nous présente ici une magnifique suite, qui s’avère assez différente formellement du genre de textes auxquels il nous a habitués, mais dans laquelle on retrouve plusieurs thèmes chers à l’auteur. Suit Michel Lamy, avec une suite intitulée « Un millier de fourmis », qui publie pour la première fois en nos pages et qui nous a charmés par l’aspect à la fois simple et très abouti de ses textes. Finalement, vous pourrez lire les poèmes d’Elva Macías, une poète, essayiste et écrivaine mexicaine réputée, qui nous offre des extraits d’Imperio Móvil / Empire mobile, une suite traduite par Ana Cristina Zúñiga. Il s’agit donc d’un numéro riche et éclectique qui a stimulé toute l’équipe.

Bonne lecture !

Stéphane Despatie