Sommaire
Présentation
- Stéphane Despatie, Face aux vents contraires, le poème 5
Des textes de
- Tristan Malavoy 7
- Madeleine Monette, elle, l’artiste (dans le même temps) 11
- Agustín Mazzini, Poèmes de la rue Parthenais 27
- Alain Fisette, Suivre en pirogue les grands bancs de hasard 37
- Patrice Desbiens, Des jours comme ça 45
Dialogue
- L’esprit d’atelier
Dossier préparé par Gérald Gaudet avec des poèmes de Marie-Josée Ayotte, Rella Duquette, Denise Simone Côté, Renée Deslauriers, Christiane Ross, Robert Aubin, Denise Lemarier, Doris Marchand, Céline Leblond et Lise Roy 63
Face aux vents contraires, le poème
L’ère des grandes peurs est revenue.
France Théoret
je voudrais un congé de maquillage
Vickie Gendreau
entre les fatigues et les tendresses
la totalité des incertitudes
Michel Gay
Les mots ne seront plus écrits
mais sculptés face au jour
phosphorescents
Denis Vanier
L’écriture peut être un refuge, une cache, un lieu de dévoilement ou de révélation, un mégaphone créé par l’urgence, un outil de résistance, un roseau, une construction de la pensée, l’effleurement d’un secret, une fenêtre, un piano à queue dans la chambre du pauvre ou un énorme divan de psychanalyste, tout ça se produisant dans un simple calepin. L’écriture, au fond, poursuit son chemin dans le corps et dans l’esprit des écrivains et écrivaines, même lorsque ceux-ci et celles-ci se taisent. Et chacun réagit différemment par l’écriture face aux épreuves de la vie. Mais une des choses particulières du voyage en littérature en temps de pandémie, c’est son partage. Il est forcément différent et naturellement, l’écho des mots résonne autrement qu’à son habitude. Point ou peu de lancements ou autres événements littéraires « en présentiel » (une expression qui me rend toujours perplexe), dès lors, point ou peu d’interactivité « en présentiel » entre auteurs, lecteurs et le texte en construction, dans la subtilité des rencontres où il y a de véritables échanges de regards, de subtils silences, des pauses bienvenues, non malaisantes, un ton normal qui ne se heurte pas au volume plus ou moins élevé d’une communication entre écrans où tout le monde travaille surtout à tenter de ne pas enterrer le dialogue en prenant la parole. Et qu’en est-il, pendant cette période de distanciation physique, des ateliers d’écriture, ces laboratoires aussi stimulants qu’essentiels au développement de nouvelles écritures?
Avec un dossier intitulé Écrire en atelier, Gérald Gaudet nous ouvre la porte de cet incubateur de poésie qui, justement, a poursuivi sa mission grâce aux moyens de communication virtuelle qui font maintenant partie de notre quotidien. Il regroupe une dizaine de voix qui sont, pour le lectorat en général, inconnues. Pour la revue Exit, qui elle-même se présente comme un laboratoire, il nous apparaissait intéressant de présenter un échantillon d’une écriture réalisée en confinement, mais aussi de donner à lire des écritures que l’on peut aborder sans subir l’ascendant qu’exercent sur notre lecture des auteurs plus connus, ou sans entendre une voix, un débit qui nous sont familiers. À l’ère où la personnalité prend souvent plus de place que le texte, cette lecture s’avère rafraîchissante. Dans ce dossier, vous pourrez découvrir Marie-Josée Ayotte, Rella Duquette, Denise Simone Côté, Renée Deslauriers, Christiane Ross, Robert Aubin, Denise Lemarier, Doris Marchand, Céline Leblond et Lise Roy.
Dans la section régulière du numéro, vous aurez le plaisir de vous plonger dans les univers de Tristan Malavoy, Madeleine Monette, Agustín Mazzini (dans une traduction de Flavia Garcia), Alain Fisette et Patrice Desbiens. Nous sommes certains que les mots de ces poètes sauront vous toucher. Sur une note bien personnelle, je les ai reçus comme on reprend le fil d’une conversation importante, en replongeant immédiatement dans le vif du sujet de manière naturelle, sans décalage, après une interruption de service inattendue. Ces poèmes m’ont fait le plus grand bien et nous espérons qu’il en sera de même pour vous.
Bonne lecture !
Stéphane Despatie