Sommaire

Présentation

  • Stéphane Despatie, Vers le Nord 5

Des textes de

  • Martin Pouliot, L’époque de la réussite (extraits)
    suivi de La gueule du chien
    7
  • Marie-Hélène Montpetit, dans le bourdon des casseroles 15
  • Stéphane Marcoux 21
  • Qi Yuguang, Trois poésies des saules
    suivi de Paroles des trois chansons des hirondelles
    27
  • Chantal Ringuet, Exode arborescent 31
  • François Guerrette, Le pavillon des portés disparus 39
  • Avelino Gómez Guzmán, Carnets 51

Dialogue

  • L’appel du Nord
    Dossier préparé par Gérald Gaudet
    Entretiens avec Erika Soucy et Jean Désy
    61

 

Vers le Nord

On faisait des métaphores avec les parties du corps,
faute de pouvoir y accéder.
Éric Charlebois

ça ressemble à une rumeur sans destination
Jean-Marc Desgent

rien ne s’arrêtera.
si l’un tombe, l’autre le portera en mémoire.
Jack Kéguenne

Quand la destination est la poésie, devons-nous savoir quel était le point de départ de celle-ci? Si le lieu d’origine, le genre, la date de naissance ou autres détails sur l’auteur éclairent souvent notre lecture, il s’avère aussi que sans mise en contexte et sans préparation préliminaire, un texte litté­raire peut provoquer une surprise, et par conséquent, laisser une impression encore plus forte sur notre mémoire. D’ail­leurs, lorsque j’étais critique de théâtre, s’il s’agissait d’une création, je préférais ne pas connaître le texte qui allait être joué car pour moi, un texte dramaturgique était fait pour être reçu, découvert, dans un théâtre, ce qui était pourtant contraire au code fixé par notre association qui demandait aux critiques d’avoir lu la pièce au préalable. Enfin, ceci m’amène à un autre constat bien personnel : lors d’une lecture publique de poésie, je préfère en général lorsque les poètes n’expliquent pas leurs textes et qu’il nous lance ça directement. Ce n’est évidemment pas toujours la meilleure recette, mais, la plupart du temps, le texte seul fait son che­min chez moi plus efficacement si on n’a pas trop préparé le terrain. Ce préambule me ramène à un soir de 2011, lors d’une lecture publique dans un bar de Montréal où, pour la première fois, j’entendais lire Erika Soucy. Je n’avais alors pas lu Cochonner le plancher quand la terre est rouge (Édi­tions Trois-Pistoles, 2010) de la jeune auteure. J’avais par contre été immédiatement intrigué et séduit par cette espèce de poésie narrative qui, ce soir-là du moins, semblait à la fois très assumée et particulièrement prévenante, don­nant l’impression que malgré son « écriture brute», certains des mots marchaient sur la pointe des pieds de peur de nous déranger par leur aspect des plus crûment authentiques (le mot est si souvent utilisé qu’on lui mettrait des guillemets). Dix ans plus tard, en lisant le dossier « Dialogue » du présent numéro, les explications m’arrivent pour mon plus grand bonheur. Si c’était à refaire, je ne détesterais pas en savoir plus long sur l’auteure avant de savourer ma lecture. Dans « L’appel du Nord », un dossier préparé par Gérald Gaudet, nous allons donc à la rencontre de l’univers d’Erika Soucy, poète, romancière et scénariste, et de celui de Jean Désy, poète, romancier et essayiste. Grâce à quelques poèmes et à leur générosité dans les entretiens, on peut lire entre autres leur rapport à la nordicité, au monde intime et à la place de ce monde au sein de leur écriture et aux yeux des lecteurs en général. La magie des entretiens, c’est aussi ça, on ouvre davantage, on dévoile des notes en bas de page qui demeuraient jusque-là invisibles. Je ne paraphraserai pas l’introduction de Gérald Gaudet, mais je dirais qu’il a eu la bonne idée de marier, dans un même dossier, des paroles bien distinctes mais qui émanent, en quelque sorte, du même terreau fertile.

La section « Dialogue » est précédée des textes de Martin Pouliot, qui, avec des extraits de « L’époque de la réussite » suivis de « La gueule du chien », revient en force en nos pages après des années d’absence. Suit Marie-Hélène Montpetit avec « dans le bourdon des casseroles », puis on retrouve des inédits de Stéphane Marcoux et ensuite des traductions de poésies chinoises anciennes présentées par Qi Yuguang (David Qi). Chantal Ringuet, avec « Exode arborescent », nous présente des textes inspirés entre autres de Philippe Jaccottet (dont on apprenait le décès au moment de mettre sous presse) et François Guerrette nous offre une touchante suite intitulée « Le pavillon des portés disparus ». La section régulière se termine avec « Carnets » d’Avelino Gómez Guzmán qui est né à Manzanillo, dans l’État de Colima, au Mexique, et dont les textes sont ici traduits par Ana Cristina Zúñiga. Si on utilise souvent la formule « Latins du Nord » pour décrire les Mexicains, il va de soi que les liens tissés entre les Québécois et ce peuple dont un seul pays, mais de taille, nous sépare physiquement, s’avèrent importants pour la revue Exit.

Bonne lecture !

Stéphane Despatie