Sommaire

Introduction

  • Stéphane Despatie, Le solvège du morse 4

Des textes de

  • Kim Béchard, Taroolique 6
  • Jasmin Defoy, Mourir poliment 12
  • Éric Gougeon, Carnet de la Baie Yelle 19
  • Emmanuel Deraps, la furie des fleuves 25
  • Victor Manuel Mendiola, Également or et ogre (extraits) 33

Dialogue

Paroles en danger
Dossier préparé par

  • Flavia Garcia et Diane Régimbald 45

Des textes de

  • Nadine Ltaif — Christine Palmiéri,
    (Inspirés de l’œuvre de Somaia Ramish) 
    47
  • Laura Doyle Péan — Rachel McCrum,
    (Inspirés de l’œuvre de María Cristina Garrido)
    59
  • Geneviève Blais — Charlotte Francœur,
    (Inspirés de l’œuvre de Galina Rymbu)
    70

Le solfège du morse

 

Les noeuds de meubles chargés de pus
Le clavier de piano égaré dans la boue
Davertige
telle est ma passion
et ma cécité est telle
Mercedes Roffé
tu es
le néant qui tombe
entraînant les mots
derrière
Louis-Philippe Hébert

 

Lorsque la parole est en danger, lorsque les dialogues sont rompus, lorsqu’on bâillonne des voix, l’information nous arrive tout de même, mais par petites doses, par morceaux, comme si nous devions apprendre un nouveau
solfège, une sorte de code morse. Des paroles muselées, fragilisées, menacées, annulées, bousculées, bloquées, perverties, copiées, vandalisées, soumises à des conditions restrictives, interprétées dans tous les sens ou mal citées,
c’est devenu monnaie courante dans la triste sphère des communications d’aujourd’hui où un simple dialogue revêt parfois des tenues de combat. Dans l’état actuel du monde, le privilège de parler, d’écrire, de dire ce que l’on ressent, de témoigner est devenu très précieux. Le dossier Paroles en danger, préparé et présenté par Flavia Garcia et Diane Régimbald en témoigne. Le dossier met de l’avant la voix de poètes poursuivies, parfois même emprisonnées, pour des raisons politiques. Il s’agit, à la base, d’un projet de La poésie partout en partenariat avec le Comité Femmes du PEN Québec, qui réunit trois duos de poètes québécoises invitées à écrire en résonance avec les textes de trois poètes étrangères, en situation, disons, délicate. Vous lirez donc Nadine Ltaif, Christine Palmiéri, Rachel McCrum, Laura Doyle Péan, Charlotte Francoeur, Geneviève Blais. On parle d’un engagement non seulement poétique et politique, mais aussi d’un geste de solidarité nécessaire.

Dans la section régulière du numéro se trouvent d’autres paroles engagées, en commençant par celles de deux jeunes qui publient pour la première fois dans la revue. D’abord celle de Kim Béchard qui ouvre le numéro, avec des extraits de Taroolique, un recueil en préparation qui se sert en partie du jeu de tarot pour aborder plusieurs grandes questions, un récit intime qui est aussi une forme de journal de guérison. Puis celle de Jasmin Defoy qui, dans Mourir poliment, articule sa réflexion tant sur « le pays comme un bloc orphelin » et sur l’art que sur sa propre évolution. Éric Gougeon, avec une suite intitulée Carnet de la Baie Yelle, arrive ensuite comme une brise où « la clarté prend sa place », quelque chose qui réchauffe, quelque chose comme une caresse. Puis Emmanuel Deraps prend le relais avec la furie des fleuves, une suite pleine d’images fortes et surprenantes, une suite de blocs à la fois concis, denses et aériens. Pour clore le numéro, Víctor Manuel Mendiola publie, grâce au travail de la traductrice Ana Cristina Zúñiga, des extraits de Également or / et ogre. Un auteur dont l’oeuvre s’est démarquée par sa richesse au fil des ans, un poète très connu en Amérique latine, et que plusieurs auront ici la chance de découvrir. Nous sommes très fiers de ce numéro qui propose des gens de diverses générations et de plusieurs horizons.

Bonne lecture !

Stéphane Despatie