Sommaire
Présentation
- Stéphane Despatie, Qui perd gagne 4
Des textes de
- André Marceau, Les cahiers du risque 6
- Serge Lamothe, Esprit de corps 14
- Tony Tremblay, Poèmes inédits 25
Dialogue
Du désir de traduire
- Dossier préparé par Francis Catalano 32
Avec textes et entretiens
- Madeleine Stratford 35
- Hugh Hazelton 37
- Ana Cristina Zuniga 48
- Francis Catalano 54
- Jean-Pierre Pelletier 66
- Flavia Garcia 75
- Donald Winkler 84
Qui perd gagne
Et si j’écrivais le creux de ton dos
Sur les murs encastrés de ma chambre
Pour te regarder disparaître
J’ai peur
Alicia Gallienne
la mémoire apprivoisée
tu reviendras de ce côté-ci des choses
Célyne Fortin
dix fois, je me mettrai à rire
ce sera ma façon de t’égayer
sans avoir à te demander
si nous nous reverrons
Louise Dupré
Il arrive parfois qu’on lise un numéro de la revue en se disant que tous les auteurs se sont consultés avant de nous faire parvenir leurs textes, et si c’est maintenant le cas, sachez pourtant que les parentés de regards ne sont ici que le fruit du hasard, ou le résultat de tout ce qui se passe dans le monde.
Dans la section régulière, André Marceau nous présente « Les cahiers du risque », une suite où l’on sent les rêves, les désirs, l’attraction guider le corps et l’esprit, où l’on reconnaît « l’expérience du canal où louvoie l’effroi » et où on nomme et identifie les difficultés, où l’espoir, parfois mince, grille les feux rouges et le reste, « le reste peut bien crever / tu préférerais disparaître ». Nous lisons ensuite « Esprit de corps » de Serge Lamothe, une suite qui secoue, tente de nous réveiller, essaye de construire un « nous » garant de l’avenir. Serge Lamothe conteste sans jamais s’exclure du problème ni des solutions possibles : « je nous vois dans un aveuglement sidéral / passer sous silence / le pilonnage de peuples démembrés ». Tony Tremblay, qui n’avait pas publié dans Exit depuis longtemps, revient en force et dans la continuité, avec une suite témoignant d’un travail constant et d’une réflexion qui continue d’évoluer et de creuser certains sillons. « Nous tracerons des cicatrices vivaces / dans votre vision du monde », écrit-il, dans une démarche, semblable à celles de Serge Lamothe et d’André Marceau, qui tient toujours compte de la situation actuelle du monde, et qui traite du particulier autant que du collectif : « j’ai confié ma lucidité / aux cauchemars ordinaires / ils jonchent l’horizon de l’époque / dans une haine contraire aux procédures ».
Le numéro se termine sur un dossier des plus stimulants, concocté par notre collaborateur Francis Catalano, écrivain primé important et traducteur (en cette qualité, il a remporté le prix John-Glassco remis par l’Association des traducteurs et traductrices du Canada). Intitulé Du désir de traduire, le dossier, comme son nom l’indique, propose une réflexion pertinente sur l’acte de traduire de la poésie en donnant la parole à différents et différentes spécialistes du domaine que sont Ana Cristina Zúñiga (elle a, entre autres, réalisé plusieurs traductions pour la revue Exit), Donald Winkler (ayant traduit une cinquantaine de livres québécois, il a gagné le Prix du Gouverneur général, section Traduction, à trois reprises, et a aussi été finaliste pour ce prix trois fois de plus), Flavia Garcia (détentrice d’une maîtrise en enseignement des langues, elle est par ailleurs la traductrice de l’Anthologie de poésie argentine contemporaine publiée par Triptyque), Hugh Hazelton (écrivain et traducteur, ses traductions ont obtenu le Prix du Gouverneur général et le prix Linda-Gaboriau), Jean-Pierre Pelletier (qui, depuis plus de trente ans, se consacre à la poésie, au rayonnement du genre de différentes façons, et à la traduction), Madeleine Stratford (poète, traductrice et professeure à l’Université du Québec en Outaouais, quatre de ses traductions ont été finalistes au Prix du Gouverneur général). À la lecture de tous ces textes, on comprend bien que si, en traduction, on perd inévitablement des éléments du texte original, on gagne aussi l’interprétation d’un lecteur privilégié et investi, et, à tout le moins, l’accessibilité à un univers. L’acte de traduire est un geste de création et d’en comprendre mieux les rouages nous invite à réfléchir à nos propres démarches ou, simplement, à nos façons d’aborder la lecture et d’en absorber le fruit.
Bonne lecture !
Stéphane Despatie